Histoire de la Commedia

Étymologie : La Commedia Dell’arte nous vient d’Italie. Les comédiens Dell’arte sont des comédiens de l’art. Ils sont les professionnels de la comédie italienne du XVII ème au XVIII ème siècle.

But : La Commedia Dell’arte, c’est avant tout une farce qui divertit. En jouant avec les stéréotypes, elle accentue les vices de la société et les fait vivre dans ses personnages. On cherche à se moquer de ces vices, en les représentant tant par le jeu et les paroles que par le physique : on retrouve ainsi l’égocentrisme de Dotorre qui déborde jusqu’à l’affubler d’un énorme ventre disgracieux.

L'atellane. Source: bacchos.org

Origines:

Antiquité : Au IIème siècle avant J-C, une ébauche de la Commedia Dell’arte faisait son apparition : l’atellane était en effet une farce burlesque jouée après les tragédies dans les amphithéâtres. On y retrouvait l’aspect divertissant dans une exposition de vices sous leur forme la plus ridicule.
Ainsi quatre personnages stéréotypés et masqués brodaient des plaisanteries souvent graveleuses improvisées sur un canevas fixé à l’avance. Il y avait Maccus, le gourmand, Baccus l’imbécile bavard, mais aussi Pappus, le vieil homme gâteux et Dossennus, le bossu malicieux.
Mais les quatre personnages vont basculer dans un genre de plus en plus vulgaire voire même salace, et ainsi tomber dans l’oubli au Vème siècle après J-C avec la chute de l’Empire romain.

Mystère. Source: leschaussonsverts.eklablog.com

Le Moyen-Age : A cette époque, la comédie survit grâce aux artistes de rue ; les saltimbanques, les jongleurs… Elle renaît partout, va remonter de la rue jusqu’aux châteaux. Sur le parvis des églises, on voit apparaître les mystères, ou sacre rappresentasioni.
Cette fois-ci le canevas est un épisode biblique, et les interprétations variaient d’un acteur à l’autre. Ceux-ci n’étaient pas des professionnels mais des gens du pays ; ils avaient pour but d’instruire tout en divertissant. Le public illettré pouvait ainsi plonger dans la Bible d’une manière agréable et ludique et bénéficier de son enseignement.

Marionnettes. Source:nouvellefeuille.canalblog.com

Le XVI ème siècle: A Bergame (ville natale d’Arlequin et de Brighella), les travailleurs ayant migré des champs aux cours de château pour tenter d’échapper à la pauvreté s’amusent de la vie de leurs maîtres. Sur les places publiques certains racontent les anecdotes de la veille, d’autres répandent des plaisanteries cocasses ; ils miment les visages du pouvoir, se moquent de leurs vices et prennent un malin plaisir à tourner en ridicule les avares qui crient sur les pauvres travailleurs.
Pour que leurs farces ne soient pas sanctionnées, ces clowns avaient mis au point une bonne astuce : la marionnette ! Un seigneur dans les parages ? Hop, les petites poupées à l’effigie des grands du château disparaissaient dans les poches ou sous les tabliers !

Masques de la comédie italienne
Peinture anonyme du XVIIème siècle.
Source:http://www.webscolaire.jeaneudes.qc.ca

Le 25 février 1545 : marque la véritable naissance de la Commedia Dell’arte. Huit comédiens de la « compagnie fraternelle » signent à Padoue, en Italie, le contrat qui fait d’eux des comédiens Dell’arte. En effet ils ne sont plus des dilletanti (comédiens amateurs) mais bien des professionnels de la farce !
La principale différence est la rémunération. Les acteurs en effet, ne se faisaient pas payer jusque-là. Cette différence marque un tournant dans le fait que cet art n’est plus si abstrait : il devient un véritable métier ! Qui dit salaire dit également que les acteurs doivent offrir un spectacle de qualité.
Par conséquent, il n’est plus question de miser sur le hasard : si les canevas restent sensiblement les mêmes et que l’improvisation est toujours de mise, le jeu des acteurs est plus réfléchi. En effet, chaque comédien Dell’arte a son propre personnage, le connaît mieux que lui-même ; il a appris à lire les réactions du public et à les anticiper ; il maîtrise parfaitement la langue et est un excellent orateur en toutes circonstances. Mais leur jeu est maintenant enrichi d’acrobaties, de jongleries, de cascades, de mimes et de chant.
C’est un véritable savoir-faire qui demande des efforts physiques conséquents et une concentration remarquable : l’acteur est toujours à l’écoute de son partenaire et du public pour tirer le meilleur parti des incontournables intrigues.
Le point clef de la Commedia et tout son charme ne réside pas dans ses canevas mais repose bien ses des acteurs hors du commun qui nouent une véritable complicité avec le public.

Molière à l'extrême gauche. Source: tempoetheatre.blogspot.com

Molière et la Commedia : Il ne s'agit pas ici de démontrer que le génie de Molière n'est issu que de l'insispiration italienne. Si le célèbre dramaturge a parfaitement assimilé les techniques dont il s'est inspiré, il est évident que cet homme est lui même un grand homme d'écrit.
Il semblerait que Molière, enfant, avait à coeur de ne manquer jamais une pièce de Commedia. Il a nourri une passion sans pareille pour la farce et le charme de ces personnages abracadabrants.
En 1658, sa troupe et celle de Tiberio Fiorilli partagent un moment le théâtre du Palais Royal. Molière voue une grande admiration pour le directeur de troupe, Fiorilli, qui est également le plus célèbre interprête du personnage de Scaramouche.
Cette amitié, et la proximité de la troupe italienne vont permettre à Molière de puiser dans la force de la farce italienne pour créer à son tour d'incroyables comédies. Il reprend les cannevas sur les amours impossibles, reprend et renomme certains personnages et conserve cette volonter de critiquer par le rire la société de son époque. On peut donc retrouver des similitudes entre les deux arts dans chacune des comédies de Molière.